Présentation

À l'origine une salle des fêtes municipale où se réunissaient les colons, puis un centre artisanal créé par l'administration coloniale, une succursale de l'Institut fondamental d'Afrique noire (l'IFAN, basé à Dakar) par la suite rebaptisé CENTRIFAN (1943-1960), puis le Centre des sciences humaines devenu en 1972 le Musée national d'Abidjan, dont la vocation originelle était de présenter la Côte d'Ivoire indépendante dans sa diversité et son unité culturelles. Le Musée des civilisations de Côte d'Ivoire (rebaptisé ainsi en 1994 à l'initiative du professeur Georges Niangoran-Bouah, grande figure intellectuelle de la Côte d'Ivoire) est doté d'un fonds muséographique de quelque 15 000 pièces (plus exactement 15 210 objets inventoriés couvrant une période allant du Paléolithique supérieur - 10 000 ans av. J.-C. - au XXIe siècle) de type ethnographique, archéologique et iconographique. Ces oeuvres diversifiées, représentatives de toutes les régions de la Côte d'Ivoire, sont regroupées en plusieurs catégories (masques, bronzes et statues, armes, parures et attributs de pouvoir, poids à peser l'or, instruments de musique, portes sculptées, mobilier royal et de chefferie, textiles, objets usuels et ustensiles agricoles, sans oublier les objets témoin de la traite négrière et de la colonisation comme les entraves d'esclaves) et constituent un précieux témoignage du patrimoine matériel et immatériel du pays. Véritable mémoire vivante de la culture et de l'histoire ivoirienne et ouest-africaine, le MCCI est considéré par de nombreux experts comme l'un des plus importants musées d'art africain actuels. L'ex-président sénégalais Léopold Sédar Senghor lui-même, fin connaisseur en la matière, le considérait comme " un des musées d'art nègre les plus riches du monde ". Pourtant ce trésor national a bien souffert : pillé en mars 2011, il est resté fermé pendant près de deux ans, en attente de réhabilitation. À cette époque, la nature avait repris ses droits sur les 2,5 ha de terrain de l'institution, et le toit de l'édifice, éventré par un trou d'obus, portait encore les stigmates de la bataille d'Abidjan, au cours de laquelle l'équivalent de plus de 6 millions d'euros de (120) pièces à la valeur inestimable avait été dérobé. Une première phase de réouverture a donné lieu à quelques manifestations culturelles comme l'édition 2013 de la biennale des Guyzagn organisée par l'agence-galerie Houkami, une exposition de la designer-plasticienne Valérie Oka, et l'exposition " Agri-culture, le monde agricole au musée ", où figuraient notamment les clichés de la talentueuse photographe Joana Choumali. Mais c'est le 21 juillet 2017, en marge des huitièmes Jeux de la francophonie qui se tenaient à Abidjan et après 20 mois de travaux intensifs visant à le conformer aux normes internationales, que ce phénix culturel est véritablement rené de ses cendres. La première exposition post-rénovation (visible de 2017 à 2019), baptisée à dessein " Renaissance " et organisée en écho à l'exposition itinérante " Les Maîtres de la sculpture " (Zurich, Bonn, Amsterdam, Paris) a ainsi présenté une sélection d'une centaine de pièces maîtresses du fonds muséographique du MCCI. Lui-même une oeuvre d'art avec ses 20 piliers en bois sculpté, le musée d'Abidjan a aujourd'hui fière allure et remplit toutes les exigences internationales en matière de présentation des oeuvres, de scénographie des expositions et de conditions de conservation (lumière, climatisation, sécurisation des pièces muséales...). Moins de 6 mois après sa réouverture au public, il avait accueilli près de 11 000 visiteurs et menait une dynamique politique de communication. Avec son joli jardin parsemé d'oeuvres contemporaines colorées et planté d'arbres centenaires aux essences rares et thérapeutiques, ses bâtiments de type colonial, sa salle d'exposition divisée en six espaces (archéologique, contemporain, akan, krou, gour et mandé), sa bibliothèque spécialisée, son patio, son espace de conférences et son restaurant, le Musée des civilisations de Côte d'Ivoire s'est mué en un véritable espace de vie et a retrouvé la place qu'il n'aurait jamais dû perdre au coeur de la cité. En projet au moment de la rédaction de ce guide : l'édition d'un catalogue répertoriant les chefs d'oeuvre du musée ; l'inventaire, la photographie et la numérisation des collections du musée ; la création d'une boutique dédiée ; l'organisation de l'exposition " La Collection fantôme " (portant sur les pièces volées pendant la crise) et d'une exposition mettant en avant les liens entre Picasso et les sculptures ivoiriennes, dans le sillage de l'expo " Picasso primitif " tenue en 2017 au musée du quai Branly.

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