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Kouassi Amenan Joëlle Rosemonde
Footballeuse professionnelle

Nationalité : Ivoirienne


Une demi-saison au FC Fleury 91 a suffi à Amenan Joëlle Rosemonde Kouassi, 22 ans depuis décembre, 2022 pour cumuler les trophées. La D1 Arkema l’a ainsi reconnue en l’élisant à deux reprises joueuse du mois, en mars et mai 2022, puis meilleure espoir et membre de l'équipe-type 2021-2022. Son pays a suivi avec le titre de meilleure joueuse ivoirienne évoluant à l'étranger et l’attaquante a depuis confirmé, nommée de nouveau en janvier et février cette saison 2023 pour le trophée de joueuse du mois.

Réveillée à 4h du matin par son père, poussée par sa mère

Les fruits de sa rude initiation au ballon rond par son père Sylvain Amani Kouadio, ancien joueur devenu coach sportif, à côté de Tontonou où elle a vu le jour au centre de la Côte d’Ivoire ? « Je la réveillais à 4h du matin, on partait faire vingt kilomètres et quand on revenait, on était encore sur le terrain, a raconté son paternel en août dernier sur TV5 Monde. Je l’ai fait travailler durement, comme un garçon, et toute petite, les gars la bousculaient car ils croyaient qu’elle en était un. » Sans pour autant la rebuter. « Petite, mes grands frères partaient sur les tournois et je les suivais. Après ça, je ne restais pas à la maison, je jouais matin et soir », a-t-elle confié à Sport News Africa.

Sa mère Charlotte Kouassi Ahou, professeure d’éducation physique, l’a également poussée une fois repérée par l’AS Juventus de Yopougon, club de l’ouest d’Abidjan où elle a été formée : « Parfois, elle ne respectait pas les exercices, tout ce qu’on lui disait là-bas, elle faisait la tête et elle m’en parlait. Je la faisais asseoir et je criais un peu sur elle pour qu’elle comprenne que ce qu’elle était en train de faire allait payer un jour. »

Au contact des garçons dans les équipes de jeunes, Rosemonde Kouassi finit par s’adapter et se forger un mental d’acier, passant outre les remarques comme elle l’a expliqué à TV5 Monde : « Quand je jouais avec eux, qu’ils me disaient que les femmes sont à la cuisine, ça ne m’affectait pas. J’ai grandi avec eux, on s’est taquiné mais on est sur le même pied d’égalité. » Jusqu’à gagner le respect de ses coéquipiers et s’ouvrir de nouveaux horizons, une fois passée de milieu de terrain au poste d’attaquante chez les filles.

Une finale perdue au pays

Appelée au sein des Éléphantes, la sélection nationale ivoirienne, elle se révèle lors du tournoi de l’Union des fédérations ouest-africaines (UFOA-B) à Abidjan, en mai 2019. Pour le meilleur, en inscrivant un doublé en poule face au Sénégal, et le plus cruel, seule à rater le cadre dans la finale perdue face au Nigeria (1-1, 5 tab 4). Mais suffisant pour tenter une première aventure à l’étranger, à l’Hapoël Ra'anana, où elle réalise des débuts prometteurs en marquant trois buts lors de ses deux premiers matches. Cette expérience israélienne va pourtant tourner court, notamment en raison de la pandémie Covid-19.

De retour au pays natal, elle rebondit avec succès à l’Africa Sports d’Abidjan. Le samedi 21 août 2021, son club dispose du Jeunesse FC de Marcory (4-0) pour s’adjuger le championnat, grâce notamment à son but pour l’ouverture du score, s’ajoutant à six réalisations et cinq passes décisives lors de la saison.

Dans les tribunes du stade Robert-Champroux ce jour-là, le sélectionneur de la Côte d’Ivoire Patrice Beaumelle n’a rien oublié du spectacle et de ses actrices lorsque Fabrice Abriel le contacte, en quête de nouveaux profils pour le FC Fleury 91 dont il a pris les rênes. Une visite dans l’Essonne de la sélectionneure des Éléphantes Clémentine Touré et une intervention décisive de l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire Jean-Christophe Belliard, pour débloquer les visas, permettent à Rosemonde Kouassi et à sa compatriote, défenseure internationale ivoirienne de bientôt 28 ans Mariam Diakité, de rejoindre à Fleury en novembre 2021.

Non sans appréhension pour la benjamine : « Ce n’était pas facile de quitter ma famille, c’est grâce à Mariam [Diakité] que le contrat a eu lieu. Mais les filles m’ont bien accueillie, elles m’ont bien intégrée, je me sens bien dans ce groupe. » En ayant dû également composer avec sa réserve naturelle. « Elle est introvertie par rapport aux médias et à l’extérieur, corrige Fabrice Abriel, mais elle a pris toute sa place dans le groupe. Elle sait rigoler même si elle reste discrète jusque dans la blague. Et elle a du caractère. »

L’entraîneur a en tout cas rapidement décelé son potentiel : « Au bout d’une semaine, ma première impression a été : "Oh ! C’est Mbappé !" On a compris que l’on avait un talent brut qu’il allait falloir polir comme un diamant tout en gardant la spontanéité et la créativité qui font sa force, en l’intégrant au collectif. Tactiquement, elle n’avait pas encore les codes mais elle a vite compris. Deux semaines après son arrivée, elle a joué une demi-heure à Saint-Étienne et a marqué sur sa deuxième action. »

Depuis ces débuts marquants en D1 Arkema le 13 novembre 2021 face à l’ASSE, l’attaquante a dévoilé bien d’autres facettes. « C’est une joueuse atypique, unique, sans profil équivalent de vitesse et aux intensités plus élevées que celles de certains garçons, juge Fabrice Abriel. Son jeu, ses accélérations balle au pied et ses décrochages, ses qualités intrinsèques qu’elle sait maintenant connecter au collectif, lui ont donné une autre envergure. Kadidiatou Diani est la meilleure buteuse mais avec ce qu’elle réalise en ce moment, Rosemonde est pour moi la meilleure joueuse du championnat de France. »

Elle rêve de CAN et de Coupe du monde

En 2023, en lutte avec le Paris FC, qu’il suit à deux points, pour la troisième place qualificative à la Ligue des champions à l’heure d’affronter l’OL, Fleury sait pouvoir compte sur une joueuse dont le contrat a été récemment prolongé jusqu’en 2025. Mais sans garanties. « Chelsea, la MLS et de gros autres clubs sont déjà sur elle, avoue Fabrice Abriel. Je souhaite la garder pour disputer avec elle la Ligue des champions, que sa progression soit liée à celle du club. Mais si elle devient trop forte et qu’on ne dispute pas ce qu’elle devrait jouer, c’est-à-dire les plus grandes compétitions de clubs et de sélections, on aura du mal à la conserver. »

Ses rêves, l’intéressée les a confiés à Sport News Africa : « Si je travaille dur, si je me donne à fond, je pense être à la prochaine CAN féminine, en 2024 au Maroc. J’aimerais bien aussi jouer un jour la Coupe du monde. J’ai déjà été très heureuse d’être dans le jeu FIFA 23, je vais acheter la console à cause de ça [rires]. C’est très important de croire en ses rêves, de ne rien lâcher si tu veux réussir. Tout peut devenir réalité si tu crois en tes rêves. »

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