ADOU Richard
Conseiller au Conseil ConstitutionnelNationalité : Ivoirienne
Cet homme de 58 ans doit sa vocation au hasard d’une tête passée dans la salle d’audience du tribunal d’Abengourou, sa ville natale située dans l’est de la Côte d’Ivoire. Il a alors 16 ou 17 ans et observe, admiratif, le procureur qui se lève pour requérir, « avec une belle diction et beaucoup de gestes ». L’homme incarne « le rôle du méchant », mais le fascine.
Au moment de choisir son orientation, ce fils de planteur ne se pose pas de question : « J’ai tout de suite demandé quelles études je devais faire pour exercer ce métier», a révélé Adou Richard.
Personne dans sa famille n’a fait de droit, hormis un cousin devenu assureur. Richard Adou, élève brillant, sort diplômé en 1994 de la section magistrature de l’École nationale de l’administration (ENA) après des études universitaires à Abidjan. Dix-neuf ans plus tard, en janvier 2013, il est nommé procureur de la République près du Tribunal de première instance d’Abidjan (TGI), un poste prestigieux, l’un des plus élevés de la magistrature, qu’il occupe.
Richard Adou, 58 ans, est un pur produit de la magistrature ivoirienne. Après une première affectation au tribunal de première instance de Bouaké comme substitut du procureur, puis comme juge au siège, il rejoint la section détachée de Bouna (Nord-Est) de 1999 à 2002. Il poursuit sa carrière à Tiassalé (Nord) pendant deux ans, puis au parquet d’Abidjan comme adjoint du procureur des années Gbagbo, Raymond Fehou Tchimou. Il revient à Bouaké en avril 2009 en tant que procureur de la République jusqu’à sa nomination dans la capitale économique.
« Le procureur n’est pas un juge, Il est celui qui poursuit en cas d’infraction mais c’est le juge qui décide, en toute impartialité, en toute indépendance, et sans hiérarchie aucune. Le procureur général répond aux Garde des Sceaux. S’il dit à gauche, il y va. S’il dit à droite, il a l’obligation d’y aller. La politique pénale est ainsi. Ce n’est pas propre à la Côte d’Ivoire, c’est le cas dans plusieurs pays occidentaux », révèle Me Adou Richard.
Richard Adou regrette la confusion : « Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, chacun y va de son commentaire. Les gens vous cataloguent très facilement. »
Comme ses prédécesseurs, Richard Adou est un homme médiatique qui croit aux vertus de la communication face à ceux qui dénoncent une justice partiale et soumise aux ordres de l’exécutif . « La communication fait partie de notre profession, elle est même au cœur de notre action » , assure-t-il.
Il a été nommé le 06 juin 2023, conseiller au conseil constitutionnel.