x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ
HOUPHOUËT-BOIGNY Félix (Dia)
Ex-Président de Côte d`Ivoire

Né le : 18 octobre 1905

Lieu : Yamoussoukro

Nationalité : Ivoirien

Autres fonctions : Medecin

Affiliation Politique : PDCI-RDA


Biographie


Né le 18 octobre 1905 à Yamoussoukro dans une riche famille de chefs coutumiers, il se convertit au catholicisme à 11 ans. Médecin de brousse, il fonde en 1944, le Syndicat agricole africain (SAA), puis le Parti démocratique de Côte-d`Ivoire (PDCI), et, en octobre 1946, le Rassemblement démocratique africain (RDA) qu`il préside. Elu aux deux Assemblées constituantes (1945 et 1946), il fait adopter la suppression du travail forcé dans les colonies d`Afrique. Député de la Côte d`Ivoire jusqu`en 1959, il devient président du Grand Conseil de l`AOF de mai 1957 à mai 1958. Cinq fois ministre du gouvernement français (de février 1956 à juillet 1959), président de l`Assemblée constituante de Côte d`Ivoire (décembre 1958 - mai 1959), il est chef du gouvernement ivoirien de mai 1959 à mars 1960 et ministre conseiller de la Communauté (juillet 1959 - septembre 1960). Il est élu président de la République de Côte d`Ivoire le 27 novembre 1960, après l`accession à l`indépendance. Constamment réélu de 1965 à 1990, il décède le 7 décembre 1993 à Yamoussoukro. Il sera succédé par Henri Konan Bédié, alors président de l`Assemblée nationale, conformément à la constitution ivoirienne.

Curriculum vitæ

En France

Député à l`Assemblée nationale française
Ministre délégué à la présidence du Conseil du gouvernement Guy Mollet (du 1er février 1956 au 13 juin 1957)
Ministre d`État du gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (du 13 juin au 6 novembre 1957)
Ministre de la Santé publique et de la Population du gouvernement Félix Gaillard (du 6 novembre 1957 au 14 mai 1958)
Ministre d`État du gouvernement Pierre Pflimlin (du 14 au 17 mai 1958)
Ministre d`État du gouvernement Charles de Gaulle (3) (du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959)
Ministre d`État du gouvernement Michel Debré (du 8 janvier au 20 mai 1959)
Ministre conseiller du gouvernement Michel Debré (du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961)
Il fut aux côtés de De Gaulle et de Michel Debré lors de la signature de la constitution de 1958.

En Côte d`Ivoire

Président de l`Assemblée nationale (24 mars 1953 au 30 novembre 1959)
Maire d`Abidjan (de 1956-1960)
Premier ministre (du 1er mai 1959 au 3 novembre 1960)
Ministre de l`Intérieur (du 8 septembre 1959 au 3 janvier 1961)
Président de la République, Ministre des Affaires Étrangères (du 3 janvier 1961 au 10 septembre 1963)
Président de la République, Ministre de la Défense, Ministre de l`Intérieur, Ministre de l`Agriculture (du 10 septembre 1963 au 21 janvier 1966)
Président de la République, Ministre de l`Économie et des Finances, Ministre de la Défense, Ministre de l`Agriculture (du 21 janvier 1966 au 23 septembre 1968)
Président de la République, (du 23 septembre 1968 au 5 janvier 1970)
Président de la République, (du 5 janvier 1970 au 8 juin 1971)
Président de la République, Ministre de l`Éducation nationale (du 8 juin 1971 au 1er décembre 1971)
Président de la République (dans les différents autres gouvernements du 1er décembre 1971 au 7 décembre 1993)

Ses relations politiques

Parmi ses amis et artisans de la décolonisation on compte Auguste Denise, Ernest Boka, Modibo Keïta, le Général De Gaulle, Mathieu Ekra, Germain Coffi Gadeau, Philippe Yacé, Arsène Usher Assouan, ... . Vers 1970, arrivent sur la scène politique ivoirienne et internationale ses jeunes protégés dont il a financé pour certains l`instruction : Denis Bra Kanon, Gustave Kouassi Ouffoué, Alphonse Djédjé Mady, Henri Konan Bédié, Auguste Debray, Djéni Kobina... Sur le plan international, il est en contact privilégié avec de nombreux hommes politiques français parmi lesquels Jacques Chirac qu’il compte parmi ses jeunes protégés. Au Gabon Omar Bongo est également son jeune protégé.
Dans le contexte de la Guerre froide, Houphouët-Boigny établit entre 1967 et 1969, d’éphémères relations diplomatiques avec l’URSS. Ces relations ne sont rétablies qu`en février 1986. Quant à la Chine, ce n’est que le 3 mars 1983, qu’il établit des rapports diplomatiques avec la République populaire de Chine et qu`il la reconnaît être l’unique gouvernement légal représentant le peuple chinois tout entier ; il cesse alors ses relations avec Taïwan,

Le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix

Afin de laisser à la postérité l’image d’un homme de paix, il crée en 1989 un prix pour la recherche de la paix parrainé par l’Unesco, entièrement subventionné par des fonds extrabudgétaires apportés par la Fondation Félix-Houphouët-Boigny. Ce prix qui porte « le nom du Président Félix Houphouët-Boigny, doyen des chefs d’État africains, apôtre infatigable de la paix, de la concorde, de la fraternité et du dialogue pour résoudre tout conflit à l’intérieur comme à l’extérieur des États », est attribué chaque année par un Jury international, composé de onze personnalités originaires des cinq continents, qui décerne un chèque de 122 000 euros.

L`APOTRE DE LA PAIX

La paix est le leitmotiv de l`action politique de Félix Houphouët-Boigny. Dans un de ses discours, il affirme :

« De nos jours, plus sans doute qu`au cours des époques successives qu`a traversées l`humanité, la paix mondiale est indivisible. La prospérité mondiale l`est aussi, et la paix et la prospérité du monde sont également confondues.

Que les troubles ou guerre s`installent en une partie quelconque du globe ne peut plus, à l`heure actuelle, nous laisser indifférents. La civilisation contemporaine est celle de l`universel et les souffrances de tels ou tels hommes et de tel ou tel peuple sont nôtres, désormais, elles sont aussi, susceptibles de devenir pleinement si, faute d`avoir su, à temps, éteindre l`incendie, l`humanité constate trop tardivement qu`elle n`a même plus les moyens de le limiter.

La prospérité mondiale, elle aussi, est indivisible. Chacun le sait ; mais chacun n`agit pas toujours comme s`il le savait. La prospérité de nos jours, est le lot d`un petit nombre de Nations ; c`est l`objectif probablement accessible de celles qui, grâce à elles-mêmes et à leurs amis, ont rassemblé les facteurs multiples du développement. C`est enfin, pour trop de peuples un grand espoir, mais un espoir incertain…

Cet état de choses contredit la justice et la morale les plus élémentaires ; il compromet les chances d`une grande partie de l`humanité d`accéder, dans des délais raisonnables, à une liberté autre que formelle ; il est et sera de plus en plus un frein à l`accroissement de la prospérité des pays riches, qui se privent de débouchés considérables.

Mais, surtout, le maintien de la paix mondiale ne peut se concilier longtemps avec cette situation, la misère et l`ignorance, le désespoir ou la désillusion sont les supports privilégiés des aventures et de la guerre, et ce n`est que dans le progrès rapide, harmonieux et continu du niveau de vie des peuples économiquement attardés que le monde doit placer l`espoir d`une paix mondiale réellement assurée, parce que fondée sur une justice aussi parfaite que possible et sur une liberté véritable ».

Dans sa pensée, la paix n`est pas seulement le contraire de la guerre. Elle est plus positivement équilibre intérieur de l`homme, équilibre intérieur de chaque nation, équilibre entre les nations. Elle doit donc se mener simultanément aux niveaux international, national et individuel. Elle est liée aux valeurs de justice, de démocratie, de tolérance, aux droits de la personne humaine et aux droits des peuples. « La paix, ce n`est pas un mot, mais un comportement » .

En d`autres termes, la paix ne peut être effective sans une transformation des attitudes, des valeurs, des conduites tant individuelles que collectives. Et seul un comportement de paix permettra de résoudre les conflits de notre monde, autrement que par les moyens de l`agressivité et de la violence.

La quête de la paix de Félix Houphouët est marquée par trois signatures : la basilique Notre Dame de la Paix , le prix international Félix Houphouët-Boigny pour la paix décerné par l`UNESCO, la fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.

En appelant son peuple à cultiver la paix, à dépasser les contingences matérielles, à ne pas prendre les moyens pour les fins, l`Homme d`Etat ivoirien remplit pleinement son rôle d`élu (au sens religieux) qui opère ici et maintenant, mais déjà d`une certaine façon sur un plan supérieur. Plan où se dissipent les ombres de la caverne de nos affrontements d`individus, de groupes et de nations.

Un auteur ivoirien, M. Amondji qui a écrit une biographie iconoclaste de Félix Houphouët-Boigny, lance, dès les premières lignes de son livre, ce cri du cœur :

« Il ne faut pas avoir peur des mots. Pour un Ivoirien de ma génération, il n`y a pas de honte à dire qu`entre 1945 et 1950, on a pris pour idole l`homme vers qui toutes les femmes et tous les hommes de notre pays, et pas seulement eux, regardaient alors.

Aussi loin qu`il soit possible de remonter dans le souvenir, entre tous les Ivoiriens de mon âge que je côtoyais, il m`apparaît vraisemblable que ma dévotion était l`une des plus fortes ».

Je dirais, pour ma part, paraphrasant la formule déjà employée par un autre grand homme : « Tout Ivoirien a été, est ou sera Houphouétiste ». Il en est ainsi parce que le destin de Félix Houphouët-Boigny symbolise pour son pays, en son temps, la liberté. Et le Sage de l`Afrique nous exhorte quotidiennement à ce combat pour la liberté dans l`union et la fraternité, par-delà nos différences politiques, nos petites querelles, nos calculs afin de bâtir pour notre pays un avenir de liberté et de prospérité car c`est là son destin !

Informations supplémentaires

LA FOI ET LES ŒUVRES

Pour Félix Houphouët-Boigny, l`action politique et l ‘acte de foi ne font qu`un. En d`autres termes, l`action politique ne trouve une dimension régulatrice que par référence à des valeurs absolues. Bingerville fut son chemin de Damas. Il y reçut du Révérend Père Gorju le baptême chrétien. Depuis lors, il vécut sa foi chrétienne en plénitude et en vérité. On sait le serment qu`il fit de ne jamais verser le sang humain en conformité avec l`un des dix commandements : tu ne tueras point. La foi, c`est aussi les œuvres de charité du président ivoirien en Côte d` Ivoire et à l`extérieur. On connaît surtout les mosquées, les temples, les cathédrales et basilique qu`il a bâtis. Ces maisons de Dieu, traits d`union entre ciel et terre, ont contribué imperceptiblement mais inexorablement au maintien de la paix dans notre pays. Comme jadis les églises et cathédrales du Moyen Age occidental transformèrent une époque caractérisée par la rudesse des mœurs et le fracas des armes. Un peu comme notre Afrique actuelle qui a un besoin impérieux de paix.

Les qualités de l`homme d`Etat

Sur ces qualités, je me bornerai à deux appréciations.

La première est celle d`un opposant ivoirien, Marcel Anoma alias Amondji. Parlant du président ivoirien, il souligne « son intelligence extraordinaire des situations politiques et même du sens de l`histoire », et « son savoir-faire légendaire ».

La deuxième appréciation est du général de Gaulle qui, on le sait, était avare de compliments et qui savait écrire. On lit dans ses Mémoires d`espoir ces lignes sur Félix Houphouët :

« Cerveau politique de premier ordre, de plain-pied avec toutes les questions qui concernent non seulement son pays, mais aussi l`Afrique et le monde entier, ayant chez lui une autorité exceptionnelle et, au-dehors une indiscutable influence, et les employant à servir la cause de la raison ».

L`œuvre politique du Président ivoirien confirme ces appréciations élogieuses. Quelques résultats de la politique intérieure et de la politique extérieure montre cette réussite politique.

La politique intérieure

En ce premier lieu, mentionnons la construction d`une Nation ivoirienne avec un appareil administratif, des institutions qui ont permis de maintenir la légalité républicaine et d`assurer les évolutions et les changements inévitables jusque et y compris les plus récents (tel le multipartisme). Félix Houphouët a su préserver la stabilité politique et la paix sociale en dépit de secousses graves comme la crise politique de 1963 et les tentatives de sécession du Sanwi et du Guébié. Et on doit à « son savoir- faire légendaire », pour parler comme Amondji, d`avoir évité le pire. Tout comme en 1990 le retour au multipartisme qui s`est soldé partout en Afrique, sauf en Côte d`Ivoire, par des massacres inutiles. Il y a une nation ivoirienne bâtie par un homme et son peuple qui avait déjà pris conscience de lui-même par la lutte anticolonialiste du PDCI-RDA.

Et cet acquis n`est pas mince quand on sait que des Etats africains en sont encore au degré zéro d`organisation. Certes, comparaison n`est pas raison, mais comparaison permet de raison garder. Et surtout, il faut comparer les choses comparables, en l`espèce, comparer la Côte d`Ivoire aux pays africains qui ont connu une commune colonisation et accédé à l`indépendance en 1960. Et notre pays soutient avantageusement la comparaison !

En deuxième lieu, il faut citer le projet de société libérale, tempéré par nos traditions africaines. On s`est gaussé, aux temps triomphants des socialismes tropicaux, version « scientifique » ou « africaine », de cette singularité ivoirienne. On a parlé d`anticommuniste primaire. Voyez ce qu`il en est aujourd`hui des procommunistes secondaires et supérieurs ! L`option libérale a permis la relative prospérité ivoirienne et jeté les bases d`un développement véritable.

En troisième lieu, la formation des hommes, le capital le plus précieux. Les difficultés actuelles de notre système d`éducation ne doivent pas occulter les résultats de cette politique volontariste et réussie de formation tous azimuts des hommes qui nous donne aujourd`hui les moyens de sortir définitivement du colonialisme en brisant fil à fil les derniers liens de notre dépendance.

Enfin, la postérité retiendra que Félix Houphouët-Boigny, comme tous les grands hommes d`Etat fut un bâtisseur. Bâtisseur de lieux de mémoire de notre République (palais nationaux, monuments), d`édifices culturels et religieux, d`une remarquable infrastructure de communication, bâtisseur de Yamoussoukro, son chant du cygne.

PUBLICITÉ