AOULOU Serges Pacôme
JournalisteNationalité : Ivoirienne
Biographie
//=nl2br($data['description']);?>Serge Pacôme Aoulou. Un nom, un talent, un monument, un modèle à imiter, témoin des premiers balbutiements de la Télévision ivoirienne, mais aussi de ses grandes orientations et de ses grands moments. La télé de la belle et bonne époque !
Selon nos sources, celui que ses confrères appelaient SPA, a été retrouvé, dans son lit, au petit matin. Il… dormait d’une mort si douce. L’homme, depuis la mort de son épouse, Marie Antoinette Aoulou, en 2003, a choisi, dit-on, de porter le deuil, dans le souvenir de cette épouse qu’il avait aimée, qu’il a aimée. Malgré tout.
Il est de la génération que la Télévision ivoirienne a perdue : Ben Soumahoro, Danièle Boni Claverie, Georges Taï Benson, Clémentine Tikida, Joseph Diomandé… De la bonne graine ! Du beau sang à faire de la télé! Fauteuil Blanc de Mamadou Ben Soumahoro, JT de Serge Pacôme Aoulou , Joseph Diomandé – lui aussi parti- Danièle Boni Claverie… Le grand journal, plus tard d’un certain Jésus Kouassi Yobouet, etc. Souvenirs.
Journaliste, rédacteur en chef à la RTI, cette « grande gueule », et grande figure de la Presse en Côte d’Ivoire, avait donné à la deuxième chaîne de télévision, TV2, ses lettres de noblesse, en compagnie de jeunes journalistes de l’époque : Jésus Kouassi Yobouet, Philippe Bouabré, Michel Koffi Djémé, Ben Zahoui, Awa Ehoura…
Il en fut d’ailleurs le premier directeur, en 1991 – non des programmes à la Radio- jusqu’à ce que l’on ne sait trop pourquoi, il fut déchargé de cette fonction. On le retrouvera, entre autres, toujours à la RTI, mais comme… Directeur des Ressources humaines. Un poste qu’il n’avait jamais aimé, et qu’il quitta sans en garder de bons souvenirs, pour y avoir connu la pire des humiliations. Il est mort, je crois, avec cette idée, parce que j’eus le privilège de le côtoyer vraiment, surtout ces dernières années. Nous nous voyons du côté de la Riviera 2… Et c’était un plaisir renouvelé de discuter avec lui. Il meublait son temps en donnant des cours, par-ci par-là, pour faire partager son expérience à la jeune génération : l’Ecole française des attachés de Presse, EFAP, l’ISTC, etc.
Awa Ehoura se souvient de ce “monument” : “Un grand professionnel hors pair ; rigoureux, aimant la perfection”. De lui, elle tient cette fameuse idée du 20h mythique. « Pour lui, le Journal télévisé, c’était quelque chose de sacré, qui ne devrait souffrir d’aucune imperfection. Sa mort est une grande perte pour la Presse. On est fatigués de pleurer la mort des « Baobabs » ; de ceux dont l’expérience aurait pu nous servir encore. Parce que l’excellence se meurt dans notre métier ». Sa mort, dit-elle encore, affligée, et pourquoi pas donc, il avait laissé à des personnes cette commission à « sa fille » : « Dites à Awa de venir me voir ; qu’elle n’attende pas ma mort ». Comme une sorte de prémonition, elle est venue cette mort. Brou Aka Pascal, encore sous le choc, dans son bureau, rédige pour le journal, son hommage, à ce grand homme de Presse : « C’est un monument de notre métier qui s’en va !». C’est grâce à lui, précise-t-il, qu’il a eu l’occasion d’aller à l’Ecole de journalisme de Bordeaux. « Quand il avait le micro, c’était un régal ; il aimait à s’écouter parler et aimait bien que l’on l’écoute ». Cette voix si radiophonique !
De son vivant, il aimait à dire : « A notre époque, on méritait l’antenne ; aujourd’hui, on la prend ». Ce n’était guère, chez lui, une sorte de querelle de génération, loin s’en faut. Il faisait son constat, celui de la Télévision ivoirienne, sa télévision, qu’il voulait toujours plus performante. Parce que sa génération, que l’on a forcé à aller à la retraite, lui a donné l’impulsion nécessaire. Je me rappelle encore, son intervention en direct, lors d’une émission un dimanche. Un animateur, recevant, je crois, si mes souvenirs sont exacts, un groupe de Cubains, s’était amusé à parler de la musique cubaine à la Télévision ivoirienne, en des mots qui n’étaient pas de son goût ou disons, pas justes. En spectateur, il a appelé et ne s’est pas gêné de le tancer vertement. Dans le genre : « parle de ce que tu sais ». C’était un amoureux de la musique cubaine !
En mars 2003, mourait son épouse. 5 ans à peine après, Pacôme Aoulou rejoint dans la mort Marie Antoinette. Pour des noces éternelles, celles de deux passionnés de télévision.
Source: fraternité matin