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Coll-Seck Awa
Stratège mondiale de la lutte contre le paludisme

Nationalité : Sénégalaise


Biographie


Le visage est rond, en permanence illuminé d’un grand sourire qui déclenche tout de suite la sympathie. Le regard est aussi vif et prévenant que notre interlocutrice, le Professeur de médecine spécialisée en bactériologie et virologie, Awa Coll-Seck. La simplicité qui l’entoure ne nous permet pas d’imaginer un instant que nous avons en face de nous un éminent stratège de la lutte mondiale contre le paludisme.

La brillante sénégalaise a débuté sa carrière en travaillant durant dix ans dans des hôpitaux à Dakar et à Lyon (France). Plus tard, elle assume les fonctions de chef de service et professeur titulaire de la chaire de maladies infectieuses à la Faculté de Médecine de l’Université Cheickh Anta Diop de Dakar tout en étant la mère de quatre enfants. "J`ai eu beaucoup de chance", déclare t`elle, "le soutien indéfectible de ma famille m`a permis de mener carrière et vie personnelle de front".

De 1996 à 2001, en tant que Directeur du Programme commun des Nations Unies pour le VIH/SIDA (ONUSIDA), le Docteur Coll-Seck est le grand stratège de l`ONU pour la lutte contre le Sida. Qui pouvait imaginer que la nouvelle dynamique de la lutte contre le Sida était insufflée par une ressortissante africaine ? A cette époque, elle dirige essentiellement l`élaboration, la publication et la diffusion d`une quantité de recommandations relatives à la politique à mener et aux pratiques de référence à respecter, afin d’aider les Gouvernements et la société civile à mettre au point leurs propres stratégies nationales et communautaires d’intervention face à l’épidémie de Sida. Durant cette période à Genève, en Suisse, en parfaite harmonie avec le Directeur d’ONUSIDA, le professeur Peter Piot, Awa Coll-Seck coordonne et mobilise l’action du système des Nations Unies en riposte à l’épidémie. En même temps, elle supervise le personnel employé par les quatre Bureaux régionaux de l’Afrique, de l’Asie, de l’Europe orientale et centrale et de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Awa n’a jamais voulu rester trop éloignée des réalités de son continent d’origine, l’Afrique. C’est pour cette raison que durant sa carrière elle sert à plusieurs reprises le Sénégal en tant que Ministre de la Santé. Cette femme dynamique, âgée de 55 ans a toujours su convaincre les décideurs de l’importance de la santé pour le développement économique et social et mobiliser les ressources financières nécessaires tant à l’intérieur du pays qu’auprès de donateurs internationaux. C’est ainsi qu’elle entreprend la réforme en profondeur du secteur de la santé et recueille l’appui de toutes sortes de partenaires au sein du Gouvernement, de la société civile et du secteur privé pour la mise en œuvre et l’expansion des programmes de santé publique. "Il faut modifier les mentalités dans nos pays pour cela il faut associer les communautés aux changements", martèle t’elle.

Aujourd`hui le Docteur Awa Coll-Seck occupe à nouveau des fonctions internationales à Genève comme Secrétaire Exécutif du partenariat Faire Reculer le Paludisme (en anglais, RBM : Roll Back Malaria). " Cette alliance entre les Gouvernements, d`autres organismes de développement, des ONG et des entreprises privées, s`efforce de réduire le coût humain et socioéconomique du paludisme", nous explique l`éminent professeur sénégalais. "Ce partenariat mondial établi en 1998 par l`Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l`Education (UNICEF) et la Banque Mondiale a pour objectif de réduire de moitié la charge de morbidité due au paludisme d’ici 2010. "

Awa Coll-Seck souligne l`importance des dégâts occasionnés par le paludisme: "Chaque année on recense plus de 300 millions de cas de maladie aiguë et au moins un million de décès. L`immense majorité des décès dus au paludisme (90%) surviennent en Afrique, au sud du Sahara, où cette maladie fait aussi sérieusement obstacle au développement économique et social. Le paludisme est la principale cause de mortalité chez les moins de cinq ans en Afrique (20%) et il représente 10% de la charge totale de morbidité du continent. Ce fléau tue un enfant africain toutes les 30 secondes !"

En Afrique, aujourd`hui, on sait que le paludisme est à la fois une maladie de la pauvreté et une cause de pauvreté. Le Docteur Awa Coll-Seck nous explique "qu`outre les vies perdues et la baisse de productivité due à la maladie et aux décès prématurés, le paludisme entrave également la scolarité des enfants et le développement social en raison de l`absentéisme et des atteintes neurologiques permanentes et autres conséquences des accès graves de cette maladie." En effet, la croissance économique des pays de forte transmission a toujours été inférieure à celle des pays sans paludisme. Les économistes imputent au paludisme un déficit de croissance annuelle pouvant atteindre 1,3% dans certains pays d`Afrique.

Toujours confiante, le Docteur Coll-Seck constate que l`établissement, en 1998, du partenariat mondial "Faire Reculer le Paludisme" a responsabilisé les dirigeants africains face au fléau. "Une vingtaine de pays ont abaissé ou supprimé les taxes et droits de douane sur les moustiquaires imprégnées d’insecticide afin de les rendre abordables. Plus de la moitié des pays d’Afrique où le paludisme est endémique, représentant près de la moitié de la population exposée, se sont dotés de « plans stratégiques de pays » (PSP) pour parvenir à faire reculer le paludisme. L`application de ces mesures, et d`autres encore, sur une grande échelle entraînera une réduction sensible de la charge de morbidité et de mortalité due au paludisme. Cette attitude est très encourageante, estime le Docteur Awa Coll-Seck, "mais l`Afrique peut mieux faire !"


Biographie réalisée par Catherine FIANKAN-BOKONGA

Distinctions et publications

INFOS
Paludisme: maladie parasitaire potentiellement mortelle transmise par des moustiques. Actuellement, environ 40% de la population mondiale est exposée au paludisme.
Vaccin: malgré des années de recherche, peu de candidats vaccins prometteurs ont été mis au point et, bien que les chercheurs redoublent d’efforts, il faudra au mieux attendre des années encore la découverte d’un vaccin efficace.
Moyens de lutte: Les moustiquaires imprégnées d`insecticide permettent de réduire la transmission du paludisme et la mortalité infantile. La prévention du paludisme chez les femmes enceintes se traduit par une amélioration de la santé maternelle comme de la santé et de la survie des nourrissons. L`accès rapide au traitement fondé sur des médicaments modernes et efficaces permet de sauver des vies.

Catherine FIANKAN-BOKONGA

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